Covid-19 : une pandémie bien réelle et massive
- 5 novembre 2020
Au 31 octobre 2020, selon les chiffres officiels publiés, la situation dans le monde est la suivante :
Seuls 19 pays ou îles n’annoncent aucun cas confirmé et donc aucun mort ; 25 déclarent au moins 1 cas confirmé bien qu’aucun mort ; 131 comptent de 1 à 999 morts ; 40 de 1 000 à 9 999 morts ; 18 de 10 000 à 49 999 morts ; 1 de 50 000 à 99 999 morts ; 2 de 100 000 à 199 999 morts et 1 plus de 200 000 morts. Ainsi, sur 237 pays ou îles, 218 sont, selon ces données, touchés directement par le coronavirus. On dénombre, ainsi, plus de 46 millions de cas confirmés depuis le novembre 2019 et 1 200 000 morts.
Le pays le plus touché au monde est le Pérou avec 10,46 morts pour 10 000 habitants. Vient ensuite la Belgique avec 9,88. Puis, dans l’ordre d’importance, l’Espagne, le Brésil, la Bolivie, le Chili, l’Equateur, les Etats Unis et le Mexique avec des chiffres compris entre 7 et 8. 50 autres pays se placent entre 1 et 6, dont la France avec 5,64. L’ensemble de l’Europe compte 4,31 morts pour 10 000 hab.
4 pays comptent plus de 90 000 morts au 31/10. Il s’agit des Etats Unis avec 236 052 morts (soit, 7,13 pour 10 000 hab.), du Brésil avec 159 902 morts (soit, 7,52 pour 10 000 hab.), de l’Inde avec 122 149 morts (soit, 0,89 pour 10 000 hab.) et du Mexique avec 91 289 morts (soit, 7,08 pour 10 000 hab.).
Dans le n° 12 de notre revue, de juin 2020, nous indiquions au 24 mai 346 434 morts. Depuis, le chiffre a été multiplié par 3. La France passe, dans ce même laps de temps de 28 367 morts à 36 788. Nous relevions encore que la grippe, selon l’OMS, représente environ 5 millions de cas graves par an et entre 290 000 et 650 000 décès. La Covid-19 a déjà fait 9 fois plus de malades et 2 fois plus de morts.
Mais il y a encore des gens qui osent contester la réalité de l’épidémie ! Pendant ce temps, ils ne remettent pas en cause les lacunes des Etats, plus soucieux de préserver les intérêts financiers des plus riches que d’améliorer les systèmes de santé, la qualité et l’efficacité des services publics.
Les libres penseurs de Haute-Vienne, quant à eux, ont choisi leur camp de longue date !
« Nous ferons face, l'hôpital est plus solide qu'au printemps » déclarait Olivier Véran, ministre de la Santé sur les antennes de France Inter le 20 octobre dernier. Face à cette affirmation péremptoire, nous publions ci-après la réponse d’un médecin parue dans l’hebdomadaire La Tribune des travailleurs, celle de Christophe Prudhomme, médecin urgentiste à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, porte-parole de l’association des médecins urgentistes de France et syndicaliste CGT.
« Ma réaction aux multiples déclarations du ministre ? Non, l'hôpital n'est absolument pas prêt ! Non, il n'est pas prêt, parce qu'il n'a pas la capacité de prendre en charge, aujourd'hui, en même temps, les patients habituels et les patients Covid. La raison en est simple : rien n'a été fait après le pic de l'épidémie du début d'année pour augmenter le nombre de lits, principalement en réanimation, ce qui est une nécessité absolue. Si l'on prend simplement comme date de référence l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir, 8000 lits ont été fermés depuis et, depuis l'entrée au gouvernement de Roselyne Bachelot, le passif dû à ce gouvernement est encore plus important, car cette dernière est responsable, lors de son passage au ministère de la Santé, de la suppression de près de 40 000 lits. Beau bilan !
La proposition d'Olivier Véran est d'ouvrir 4 000 lits d'hospitalisation saisonniers, c'est-à-dire pour une durée limitée, avec un budget de 50 millions d'euros. Il va falloir acheter une calculatrice à ce monsieur : en effet, un lit d'hospitalisation nécessite au minimum 2,5 emplois ; pour 4 000 lits, il faut donc créer environ 10 000 emplois, le financement d'un emploi est estimé à environ 40 000 euros par an, ce qui signifie que pour ouvrir ces lits, il faudrait 400 millions d'euros au minimum, uniquement pour les emplois ! Le gouvernement persiste dans son incurie la plus totale.
Après l'épisode des masques, puis de la catastrophe de l'organisation des tests, il n'a pas pris en compte le retour d'expérience de la première vague qui a pointé le manque criant de capacité d'hospitalisation en réanimation de la France, en comparaison, notamment, avec l'Allemagne.
En mai, nous sommes donc revenus à la situation antérieure avec 5 000 lits de réanimation pour l'ensemble du territoire, alors que l'Allemagne en dispose de plus de 15000. La raison de la crise, ce n'est pas le nombre de malades, même s'il est conséquent, mais le fait que l'hôpital, qui fonctionne déjà depuis des années à flux tendu, n'est pas capable actuellement de gérer à la fois le flux habituel de malades et les patients Covid. Olivier Véran avait promis en juillet une disponibilité de 12 000 lits de réanimation. Si nous les avions aujourd'hui, l'indicateur de tension hospitalière ne serait pas en zone « rouge », car le taux d'occupation des lits de réanimation par les patients Covid serait inférieur à20 %.
La conséquence de cette situation est la nécessité de déprogrammer les patients, ce qui risque d'avoir des conséquences catastrophiques sur leur état de santé, avec une surmortalité dans les mois et les années à venir. Les cancérologues en particulier ont déjà tiré la sonnette d'alarme.
L'urgence aujourd’hui est d’embaucher dans les hôpitaux pour ouvrir des lits. En effet, même la Fédération hospitalière de France, représentation institutionnelle des hôpitaux, reconnaît que les effectifs dans les hôpitaux en cette fin octobre sont inférieurs à ce qui existait en janvier 2020. Dans un premier temps, il faut stopper la fuite des personnels, notamment en titularisant tous les emplois précaires. Par ailleurs, en attendant de pouvoir former et recruter des personnels qualifiés, il est possible d'embaucher massivement des agents des services hospitaliers (ASH) qui ne nécessitent aucune qualification préalable particulière. Ils soulageraient grandement le travail des soignants en assurant les tâches d'hygiène, d'entretien, de ménage, d'administration, etc. Au lieu de cela, que propose le gouvernement ? De former des pseudo-aides-soignants en quinze jours ! Non, il faut former des personnels dans toutes les catégories, dans de bonnes conditions. -
Pour cela, la CGT propose de revenir à la politique des contrats, à savoir une rémunération offerte aux étudiants pendant leurs études, assortie d'une obligation de travailler dans l'établissement qui a assuré ce financement pendant trois à cinq ans selon la durée de la formation. Ce dispositif pourrait bénéficier de crédits des régions qui ont depuis quelques années la tutelle des écoles professionnelles. Les solutions ne manquent donc pas. A nous de les imposer à ce gouvernement qui ne veut en aucune manière donner les moyens à l'hôpital public car son objectif reste bien d'ouvrir le plus largement au secteur marchand les domaines de la santé et de la protection sociale. »
Comment ne pas partager le constat lucide de ce médecin urgentiste démontrant une fois encore qu’au plus haut niveau de l’Etat, improvisations, dissimulations, incohérences et mensonges, sont érigées en principe de gouvernement ?
A suivre…
Loïc LE DIUZET