Honte à eux !
- 20 avril 2021
Honte aux Blanquer, Castaner, Ciotti et tous ceux qui font la course à l’échalotte avec Marine Le Pen pour avoir qualifié de « fasciste » le syndicat national des étudiants de France (UNEF) ! Au moment où des centaines de milliers d’étudiants se trouvent dans une extrême détresse matérielle et morale et alors que le syndicat organise tant bien que mal la solidarité avec eux, la droite et l’extrême droite enfoncent le clou et demandent la dissolution de l’UNEF au prétexte que ce syndicat organise des réunions non mixtes. On croit rêver !
On peut avoir une opinion mitigée voire opposée sur l’utilité et l’efficacité de groupe de paroles et de réunions non-mixtes internes à une association ou à un syndicat et c’est le cas du rédacteur de ces lignes comme aussi celui d’Isabelle Thomas ex-responsable de l’UNEF dont nous reproduisons ci-dessous la tribune parue dans le Journal du Dimanche. Mais alors qu’il est de bon aloi aujourd’hui de souligner le valeureux combat féministe et avant-gardiste du MLF (Mouvement de Libération des femmes) des années 1970, pourquoi omettre de dire que les réunions d’alors étaient non-mixtes ? Pourquoi alors ne rien dire sur des obédiences maçonniques, les unes réservées aux hommes et d’autres aux femmes ? Reprochera -t-on aussi à des syndicalistes organisant des assemblées générales de salariés pour défendre les revendications, d’en interdire l’accès aux patrons, directeurs et policiers des ex renseignements généraux ? Les formes d’organisations des associations et des syndicats sont de leur seule responsabilité, il n’appartient qu’à leurs adhérents d’en décider et certainement pas à un gouvernement. Et aujourd’hui les attaques violentes contre le syndicat UNEF sont une attaque contre le droit d’association et à terme contre tous les syndicats, toutes les organisations.
Honte aux sénateurs qui, le 1er avril, ont voté l’amendement n°98 dit « amendement UNEF », voté à la majorité par les sénateurs de droite et …les sénateurs PS, PCF et EELV qui pour la plupart ont voté pour, quelques rares d’entre eux s’étant abstenus. Et le lendemain de ce vote, c’était au tour de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’élèves) de faire l’objet d’attaques intolérables visant à sa déstabilisation ! Et puis le 13 avril, les sénateurs décidément bien réveillés, ont adopté après l’avoir considérablement durci le projet de loi « confortant les principes républicains » appelé initialement projet de loi sur le « séparatisme ». Un projet aux relents nauséabonds, xénophobes, qui cible une partie de la population française de confession musulmane ou supposée l’être.
Honte à Marlène Schiappa, Darmanin et à tout ce gouvernement d’avoir décidé la dissolution de l’Observatoire de la Laïcité dont nous avions souligné le rôle irremplaçable, en page 20 dans La Pensée Libre n° 15 de janvier 2021. Nous écrivions : (…) Cet organisme participe à la réalisation d’une laïcité effective dans les différents services, que ce soit l’école, les structures socio-éducatives, les établissements de santé. Pour nos associations d’éducation populaire, les actions pédagogiques ont une importance capitale. À un moment où la laïcité est trop souvent réduite à des slogans de membres du gouvernement, de politiques et d’intellectuels, les analyses concrètes proposées par l’Observatoire de la laïcité permettent de faire vivre la laïcité. (…)
Les faits que nous venons d’évoquer ci-dessus et il y en a bien d’autres, n’ont qu’un seul objectif : faire taire toute contestation, en contraignant les associations et syndicats à une obéissance aveugle pour ainsi mettre fin à toute forme de démocratie. Un glissement accéléré de l’autoritarisme vers le totalitarisme.
Jean-Paul Gady