L’extrême-droite parade à la faculté de lettres de Limoges !
Mais qui fait le lit de l’Action Française ?
- 5 avril 2021
Le quotidien le Populaire du Centre a publié dans son édition du 30 mars un article intitulé : L'Action française s'affiche à la fac de lettres de Limoges en citant certains enseignants pour leur supposé « islamogauchisme ». Nous reproduisons ci-dessous de larges extraits de cet article. Celui-ci révèle comment le groupe extrémiste Action française, reprenant les accusations de Madame Vidal, ministre des Universités à propos du prétendu « islamo gauchisme » à l’université, mène une odieuse campagne de dénonciation d’enseignants de la fac de Limoges. Ces résurgences violentes et antirépublicaines sont attisées et favorisées par les déclarations de ministres, Blanquer en tête, qui ces derniers jours ont qualifié de « fasciste » le syndicat étudiant UNEF (l’Union Nationale des Etudiants de France) au prétexte que ce syndicat organiserait des réunions non-mixtes. La dissolution du syndicat a même été demandée par des ministres et des parlementaires de droite et du Rassemblement national.
Les libres penseurs défendent l’existence et l’indépendance des syndicats. Ceux-ci ont parfaitement le droit de s’organiser comme bon leur semble, de faire des réunions non mixtes ou non, ce que seuls leurs adhérents ont la légitimité d’approuver ou non. Contre les attaques ignominieuses dont l’UNEF est actuellement l’objet, nous apportons notre total soutien à ce syndicat comme ont pu le faire de nombreuses autres associations. Nous reviendrons sur ce dossier dans le prochain supplément bimensuel qui sera publié le 20 avril.
Jean-Paul Gady
Ci-dessous, extraits de l’article du Populaire du Centre du 30 mars 2021 :
Des militants de l’Action française ont déployé sur le campus de la fac de lettres de Limoges des affiches contre « l’islamogauchisme ». Une action dénoncée par la faculté de Lettres et de Sciences humaines (FLSH).
Il y a une semaine, mercredi matin, une bien mauvaise surprise attendait les enseignants et les personnels de la fac de lettres de Limoges. Sur un panneau d’affichage du campus Vanteau, des affiches « Non à l’islamogauchisme à la fac » avaient été déployées, « probablement dans la nuit », explique le doyen de la faculté de FLSH, François Avisseau.
À l’origine de ce collage sauvage ? L’Action française, qui l’a revendiqué sur Twitter. « Frédérique Vidal n’a pas besoin de compter sur une réponse du CNRS pour démontrer la présence de l’islamogauchisme à l’université », écrit le groupuscule en commentaire des photos postées le 24 mars, où trois hommes masqués et vêtus d’une casquette noire posent avec le drapeau à la fleur de lys du mouvement royaliste et nationaliste. Sur ces tracts, apparaissent des phrases prêtées à des enseignants de l’université, sélectionnées pour leur soi-disant connivence avec l’islamisme, l’immigration ou le rejet, mal accepté par les poseurs d’affiche, des idées d’extrême-droite comme le grand remplacement. Des affiches qui pourraient, de la part des professeurs intéressés comme de l’université, entraîner des poursuites.
« Ce que je tiens à dire, reprend le doyen Avisseau, c’est qu’il n’y a eu à la fac de lettres, aucune attitude, propos ou initiative qui puissent prêter le flanc à une complicité avec l’islamisme politique et le terrorisme. Ces citations sont tronquées, outrées ou exagérées et sorties de leur contexte. Elles visent à diffamer. Nous faisons de la science, nous ne faisons pas d’idéologie. Nos enseignants ont parfois des engagements, comme citoyens, mais ils ne se trompent jamais de contexte. »
L’étincelle du débat sur l’islamogauchisme à l’université a été allumée par la ministre Frédérique Vidal et depuis les polémiques se sont multipliées, notamment à Sciences-po Grenoble. Ce climat délétère, Loïc Artiaga, maître de conférences à la FLSH qui a publié les photos des affiches de l’Action française, le regrette à double titre. « Tout le monde tombe sur l’UNEF, notamment pour ce qui s’est passé à Grenoble, dont il y aurait beaucoup à dire. Mais l’Action française peut dérouler, ça ne suscite pas d’indignation. »
Depuis deux ans au moins, les militants nationalistes mènent des actions sur ce campus de la fac de lettres de Limoges, ciblé pour les actions revendicatives qui y sont menées, blocage du printemps 2018 et hébergement des migrants dans les anciens locaux du CRDP.
Les photos prises en novembre 2019, ornaient l'enceinte de l'ancien squat. Les initiales AF (pour Action française, NDLR) laissent peu de place au doute sur leur origine et l'implication des militants de l'Action Française, dont l'association a revendiqué, la semaine dernière, l'envahissement du Conseil régional d'Occitanie. « Un regain d’activisme après la dissolution de Génération identitaire », note Le Monde (…).
Avec les propos prêtés à des professeurs désignés de la fac de lettres, l'extrême-droite passe du combat de territoire militant à la remise en cause de l'enseignement et des professeurs. « Chez nous, conclut Loïc Artiaga, on fabrique des gens humanistes, pas dans la sécession. Mais aujourd’hui, les vannes sont ouvertes. »