Dômes de chaleur, feux et inondations gigantesques, éboulements de terrains…
- 20 juillet 2021
Des centaines de morts au Canada, en Allemagne, Belgique et le gouvernement regarde ailleurs.
Adhérente de la Libre Pensée 87, j’ai souhaité porter à votre connaissance des extraits d’un article de Médiapart du 3 juillet dernier. Mickaël Correia, l’auteur, montre avec une effrayante précision l’abîme créé entre les dirigeants de l’Etat français tous issus ou devenus larbins du système capitaliste et le reste de la société. Ces dirigeants (et leur cohorte de soutiens) sont fous parce qu’ils se condamnent, par leur stratégie, à mort. Mais ils condamnent en même temps tous ceux qui n’ont jamais pu montrer ce qu’il fallait faire : mettre l’Education et la Santé à la place de la finance et du profit. C’est bien le message de la Libre Pensée !
Quand on lit dans le rapport parlementaire par la députée Mathilde Panot (La France Insoumise Val de Marne) « De 2013 à 2019, 9000 emplois ont été supprimés au Ministère de la Transition Ecologique… les opérateurs publics en charge de la recherche, de l’expertise ou de l’ingénierie sur le changement climatique subissent la même stratégie : 633 postes supprimés au Centre d’Etudes et d’Expertise sur les Risques, la Mobilité et l’Aménagement, 919 à l’ONF etc. » on ne peut qu’être effrayé par tant d’inconscience dans la gestion de l’Etat.
Geneviève Albert-Roulhac
Extraits de l’article de Mickaël Correia – Médiapart, 3 juillet 2021
La planète brûle et Paris regarde ailleurs
« Alors que le Nord-Ouest américain subit une canicule amplifiée par le dérèglement du climat, deux hautes instances ont critiqué sévèrement l’inaction climatique de l’État français. Mais les parlementaires ont préféré se focaliser sur leurs délires identitaires. Les deux tiers de la population française sont déjà fortement ou très fortement exposés au risque climatique », alertait, le 30 juin, le Haut Conseil pour le climat. L’instance indépendante chargée d’apporter un éclairage sur la politique climatique du gouvernement publiait son rapport annuel.
L’étude souligne que l’Hexagone est particulièrement vulnérable à l’érosion côtière, à la montée des eaux mais aussi aux vagues de chaleur et aux méga-incendies de forêt. L’organisme scientifique avance par ailleurs que « en raison du retard accumulé par la France, le rythme actuel de réduction annuelle des émissions de CO2 devra pratiquement doubler ».
En somme, le pays se prépare mal au choc climatique.
Le lendemain de la publication du Haut Conseil pour le climat, le Conseil d’État sommait le gouvernement de « prendre toutes mesures utiles » d’ici à neuf mois pour que la France réduise enfin drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre.
Une décision historique.
Concernant le respect des engagements climatiques français, l’instance a lâché un cinglant : « Le compte n’y est pas. » La plus haute juridiction administrative avait été saisie par Grande-Synthe. Cette commune littorale du Nord est particulièrement affectée par le changement climatique, notamment les submersions marines. » (…) « Au Canada, Lytton, village de 250 âmes, était dévoré par le feu le jeudi 1er juillet. Dans la région canadienne la plus touchée, la Colombie-Britannique, près de cinq cents personnes sont mortes en cinq jours. Les corps ne parviennent pas à se reposer dans cet enfer asphyxiant au point qu’à Portland, aux États-Unis, des « centres de rafraîchissement » ont ouverts – des entrepôts climatisés pour permettre un temps aux habitants d’échapper à la chaleur torride.
Les scientifiques sont formels : ces scènes apocalyptiques, où les feux monstres font rage et où les routes se fendent, se produiront bientôt chez nous. « C’est aujourd’hui possible en France, même si cela ne nous dit pas à quelle échéance on peut s’attendre à vivre la même chose », assure Samuel Morin, directeur du Centre national de recherches météorologiques. « Si les émissions de carbone ne baissent pas, on peut s’attendre à des températures qui avoisinent ou dépassent les 50 °C en pointe journalière en France », indique pour sa part le climatologue Robert Vautard.
En l’espace de quatre jours à peine, ces faits et évènements climatiques catastrophiques ont-ils secoué le pouvoir français ?
Le mardi 30 juin, le Sénat votait solennellement le projet de loi « climat », vendu par l’exécutif comme le texte phare du quinquennat pour répondre au défi du dérèglement du climat. La droite sénatoriale, majoritaire, aurait pu mettre sur la table les volumes énormes de gaz à effet de serre que vomissent chaque année dans les cieux les entreprises du CAC 40. Le niveau d’émissions des fleurons de l’économie tricolore nous conduit tout droit vers un réchauffement climatique de +3,5 °C, soit un enfer sur Terre. Les sénateurs auraient également pu se pencher sur la plus grande vulnérabilité́ des quartiers populaires face aux aléas climatiques extrêmes. Lors de la canicule de 2003, la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine, a été parmi les plus touchés avec une surmortalité de +160 %. Mais non. La majorité sénatoriale a préféré par exemple supprimer l’instauration d’un menu végétarien hebdomadaire dans les cantines scolaires. Un levier pourtant simple pour atténuer le changement climatique, l’élevage industriel rejetant 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une décision prise au nom de la défense des éleveurs français. Comme si c’était l’introduction d’un repas sans viande une fois par semaine, et non pas l’agro-industrie avec sa course folle à la productivité, qui tuait à petit feu les producteurs. » (….)
« Et Emmanuel Macron dans tout cela ? Rien. »
« De toute la semaine, le président omniscient n’a pas dit un seul mot concernant les deux instances étatiques pointant du doigt son échec cuisant à réellement faire baisser nos émissions de gaz à effet de serre. Rien non plus sur la loi « climat » adoptée au Sénat ou sur cette mortifère canicule nord-américaine qui se présente à nous comme un terrible aperçu du monde à venir. Le mardi 29 juin, Emmanuel Macron a préféré dérouler le tapis rouge à la banque américaine JP Morgan, qui a délocalisé ses effectifs de Londres à Paris, Brexit oblige. Le président de la République est venu en personne serrer la main du Pdg Jamie Dimon et saluer l’arrivée de plus d’une centaine de traders dans les nouveaux locaux de l’institution financière internationale situés place Saint-Honoré, au cœur de Paris.
Le chef de l’État s’est félicité du retour d'activités financières en France, omettant le fait que JP Morgan est le champion mondial du financement des combustibles fossiles. Depuis l’accord de Paris sur le climat, la première banque climaticide de la planète a accordé aux industries du charbon, du pétrole et du gaz 317 milliards de dollars. Un record absolu.
Emmanuel Macron sait qui sont « les deux tiers de la population française déjà fortement ou très fortement exposés au risque climatique » d’après le Haut Conseil pour le climat. Il sait que les plus vulnérables aux conséquences du dérèglement climatique sont les plus précaires, les habitants des quartiers populaires, les femmes, les personnes racisées, les minorités sexuelles et de genre, les migrants. Il sait surtout que ce n’est pas leurs intérêts qu’il défend, mais celui des plus riches. (…)
Mickaël Correia