Fédération de la Haute-Vienne de la Libre Pensée

Pass sanitaire et dérive autoritaire

  • 5 août 2021

    Ne pas se tromper de combat !

    Les libres penseurs comme tous les citoyens de ce pays constatent avec inquiétude la dérive autoritaire dans la politique menée par le gouvernement, dérive déjà traitée dans ces pages. Cet article parait ce jeudi 5 août, jour où le Conseil constitutionnel doit se prononcer sur la constitutionnalité du projet de loi voté les 22 et 23 juillet par les députés et les sénateurs comportant notamment :

    -le pass sanitaire obligatoire à compter du 30 août dans les lieux de loisirs et de culture, les cafés restaurants, trains, etc.

    -la suspension du contrat de travail et de la rémunération pour des salariés concernés et des fonctionnaires qui ne pourraient justifier d‘un pass sanitaire,

    -l’obligation vaccinale sous peine de suspension de rémunération pour des personnes travaillant dans les établissements et services de santé et médico-sociaux.

    C’est un fait incontestable : le pass sanitaire marquera la vie de millions de Français, puisqu’en très peu de temps, et encore plus dès lors que le test PCR ne sera plus gratuit, toute vie sociale et professionnelle sera contrainte par le fait d’être vacciné.

    Libres penseurs attachés à la République et à la démocratie, nous constatons que cette décision a été prise de façon autoritaire, dans un cadre de délibérations obscures, celui d’un seul homme : le président de la République qui n’aura réuni que le seul Conseil de défense. La démocratie est ainsi sacrifiée alors qu’elle devrait être plus que jamais la clé pour sortir de cette crise.

    Pourtant, il y a moins d’un mois, Emmanuel Macron, le ministre de la santé, les députés de la majorité, tous se disaient opposés à la généralisation du pass sanitaire au nom des libertés !

    Alors que tout indique que nous avons pour au moins des mois à vivre avec le virus, comment pourrait-on accepter de rentrer dans la société du contrôle généralisé que le gouvernement veut imposer ainsi à la population ? Résister, bien sûr, mais il est nécessaire de ne pas se tromper de combat : une vaccination large et massive est nécessaire pour combattre cette pandémie, à commencer par la couverture des plus fragiles. Il est donc impératif de se démarquer de toutes celles et ceux qui font de leur opposition frontale au vaccin, un déversoir sectaire et complotiste allant pour certains jusqu’à incendier des pharmacies et des vaccinodromes, comme il est impératif de condamner fermement toute assimilation de la stratégie vaccinale à la Shoah ou à l’apartheid comme cela fut le cas dans des cortèges des manifestations de ces derniers samedis.

    Contrairement à la méthode employée par le gouvernement de passage en force, pleine d’accusations et de menaces de sanctions, les premiers leviers activés devraient être au contraire un grand débat démocratique, une information d’ampleur, des droits d’utilisation sur le temps de travail pour se faire vacciner, une prévention notamment par la gratuité des masques, une couverture bien plus importante des centres de vaccination et des moyens associés plus conséquents pour les départements et quartiers les plus pauvres…

    Depuis le début de la pandémie, les moyens financiers et humains réclamés par les syndicats et associations de soignants, pour remettre debout les hôpitaux publics et soigner correctement, n’ont pas été octroyés. Il en est de même pour les Ehpad. Pire, dans beaucoup d’endroits, la casse de l’hôpital public continue (fermeture de lits, suppressions de postes…). Et dans le même temps, la France s’oppose toujours, avec l’Union européenne, à la levée des brevets au sein de l’Organisation mondiale du commerce, alors que c’est la seule façon pour que, dans les pays pauvres, les vaccins puissent être fabriqués et distribués massivement. Quand par exemple seule 2% de la population en Afrique est vaccinée, c’est à la fois une question de solidarité internationale, de santé publique et d’efficacité. Car tant que la pandémie ne sera pas résolue à l’échelle mondiale, elle ne le sera nulle part.

    Pendant que ces décisions heurtent et divisent la population, de graves attaques contre les droits sociaux sont annoncées mêlant ainsi autoritarisme et casse sociale. La réforme régressive de l’assurance-chômage serait entérinée dès le 1er octobre, diminuant fortement les durées et les montants des allocations des chômeurs. Et Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de reporter l’âge légal de départ en retraite et la fin de tous les régimes spéciaux. Dans le même temps il est annoncé que le patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes de France a augmenté de 30% en 2020, le gouvernement ne revient aucunement sur toutes les largesses qu’il leur a accordées depuis le début du quinquennat préférant faire payer la crise aux salariés, chômeurs et aux retraités... qui sont les plus nombreux !

    Exigeons une politique sociale ambitieuse, passant par des services publics de qualité et des droits sociaux plus importants.

    Pour cette raison, au nom de l’efficacité sur le long terme contre l’épidémie et pour préserver nos libertés, il est juste et indispensable de s’opposer à la nouvelle loi votée par les parlementaires qui est en cours d’examen par le Conseil Constitutionnel. Tout comme il est juste et indispensable de s’opposer aux mesures antisociales qui visent à faire payer la note de la crise sociale au monde du travail. A cette fin, les libres penseurs aspirent comme tous les travailleurs et les citoyens à des mobilisations dans les semaines et mois qui viennent, mobilisations qu’il revient aux syndicats et aux associations d’aider à organiser. Et ceci, plutôt que de laisser le champ libre à toutes les forces de droites et d’extrême-droite de Philippot à Dupont-Aignan et à bien d’autres qui surfent sur le mécontentement actuel pour tenter de tirer les marrons du feu.

    L’appel que nous reproduisons ci-dessous, émanant de syndicats et de responsables associatifs et politiques rejoint notre préoccupation de libres penseurs. Que cet appel ne reste donc pas lettre morte !

    Le Comité de rédaction de La Pensée Libre

     

    Pour une politique sociale et de santé juste et démocratique.

    Pétition contre la loi sanitaire et les régressions sociales à venir.

     

    Comment justifier qu’un pass sanitaire permette :

    -de discriminer à l’embauche, de suspendre le salaire ou de licencier des salarié·e·s, en CDD ou précaires, parce qu’ils·elles ne sont pas vacciné·e·s ?

    -de refuser des patient·e·s dans les hôpitaux pour la même raison ?

    -d’instaurer un contrôle et une surveillance généralisés sur la population et de diviser la population entre vacciné·e·s et non vacciné·e·s ?

    En même temps, peut-on accepter que la casse de l’hôpital public continue ? Que la crise soit payée, non pas par les multinationales et les plus riches qui en ont profité, mais par tous les autres, notamment les travailleur·euse·s, les jeunes, les chômeur·euse·s, les retraité·e·s ?

     

    Une vaccination large et massive est nécessaire pour combattre la pandémie, ainsi qu’une autre politique, juste et démocratique.

    Nous, signataires, nous opposons à la loi sanitaire et aux régressions sociales à venir.

     

    Nous exigeons du gouvernement français :

    -le retrait de cette loi et de l’état d’urgence sanitaires ;

    -des moyens financiers et humains bien plus importants dans les hôpitaux publics et les Ehpad, un débat et une information d’ampleur, des possibilités de se faire vacciner sur le temps de travail, une couverture bien plus importante des centres de vaccination et les embauches nécessaires pour permettre des conditions de travail respectueuses des exigences sanitaires ;

    -une action résolue en faveur de la levée des brevets au sein de l’Organisation mondiale du commerce, pour la solidarité internationale et la santé publique ;

    -l’abandon des lois et projets sur l’assurance chômage et les retraites.

     

    Premiers signataires :

    Responsables d’organisations :

    Aurélie Trouvé et Raphaël Pradeau (porte-parole d’Attac), Céline Verzeletti (secrétaire confédérale de la CGT), Simon Duteil et Murielle Guilbert (co-délégué·es généraux de l’Union syndicale Solidaires), Thomas Porte (porte-parole de Génération·s), Delphine Glachant (présidente de l’Union syndicale de la psychiatrie), Pierre Schwob (Collectif Inter Urgences), Mireille Stivala (secrétaire générale de la fédération CGT Santé et action sociale), Jean Marc Devauchelle (secrétaire général de la Fédération SUD Santé Sociaux), Thierry Amouroux (porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI), Mélanie Luce (présidente de l’UNEF), Sonia Ollivier (co[1]secrétaire nationale du SNPES-PJJ/FSU), Jean-Baptiste Eyraud (porte-parole Droit Au Logement), Khaled Gaiji (président des Amis de la Terre France), Pierre Khalfa et Willy Pelletier (Fondation Copernic), Emmanuel Vire (secrétaire général du SNJ-CGT), Hafsa Askar (Secrétaire Générale de la FSE), Denis Lalys (secrétaire général de la FNPOS de la CGT), Ana Azaria (présidente Femmes égalité), Lenny Gras (porte parole du MNL), Mathieu Devlaminck (UNL), René Seibel (Action contre le chômage), Christian Eyschen (secrétaire général de la Libre Pensée), Christine Poupin et Olivier Besancenot (porte-parole du NPA), Aneth Hembert (co-secrétaire fédérale des Jeunes Ecologistes), Jean-Christophe Sellin et Hélène Le Cacheux (coordinateurs du Parti de Gauche), Jean-François Pellissier et Myriam Martin (porte parole d’ENSEMBLE !), Christian Pierrel (porte parole du PCOF), Martin Méchin et Louise Tort (Black Robe Brigade), Philippe Poutou (Porte-parole du NPA), Dominique Ferré (Parti ouvrier indépendant démocratique).

    Elu·e·s :

    Éric Coquerel (député LFI), Elsa Faucillon (députée PCF), Eric Piolle (maire EELV), Jean-Luc Mélenchon (député LFI), Sébastien Jumel (député PCF), Emilie Carriou (députée Nouveaux Démocrates), Clémentine Autain (députée LFI), Aurélien Taché (député Nouveaux Démocrates), Mathilde Panot (députée LFI), Pierre Dhareville (député PCF), Caroline Fiat (députée LFI), Manon Aubry (députée européenne LFI), Adrien Quatennens (député LFI), François Ruffin (député LFI), Muriel Ressiguier (députée LFI).

    Personnalités :

    Youcef Brakni (militant antiraciste), Sandrine Rousseau (EELV), Véronique Ponvert (syndicaliste FSU), David Dufresne (jécrivain, réalisateur), Caroline Mecary (avocate), Taha Bouhafs (journaliste), Jean-Marie Harribey (économiste), Arie Alimi (avocat), Kevin Vacher et Deborah Ozil (Rencontre des Justices), Anthony Caillé (CGT-Police), Stéphane Jouteux (syndicaliste), Arnaud Malaisé (syndicaliste FSU), Nicolas Mayart (journaliste), Dominique Plihon (économiste), Paul Poulain (spécialiste des risques industriels), Laure Vermeersch (L’ACID), Gilles Perret (réalisateur), Rokhaya Diallo (écrivaine), Claire Lejeune (EELV).