COVID, rentrée scolaire, laïcité (2ème partie)
- 5 septembre 2021
Sur ces trois questions, après avoir donné dans l’article précédent du 20 août la parole à Rodrigo Arenas coprésident de la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) nous poursuivons dans ce numéro 21 en publiant des extraits des prises de positions des principales organisations syndicales. Nous le faisons au nom d’une information pluraliste, sans partager forcément en totalité les points de vue exprimés par ces syndicats.
FSU (Fédération Syndicale Unifiée, extrait d’une publication du site internet du 31 août 2021)
La laïcité ne doit pas être instrumentalisée.
Une campagne grand public du ministère, sensée promouvoir la laïcité oublie les fondements de ce principe et l’instrumentalise.
Le 26 août dernier, le ministère de l’Education a publié sur les réseaux sociaux une campagne de communication sur la laïcité dont l’affichage est prévu dans les établissements scolaires et dans la rue à la rentrée. Huit visuels sur lesquels on voit des élèves en classe, en récréation et dans des activités périscolaires. Des enfants issus pour la plupart de la diversité.
On peut lire par exemple sous la photo d’un garçon blanc agrippé au rebord d’une piscine à côté d’une petite fille noire :
« Permettre à Sacha et Neissa d’être dans le même bain. C’est ça la laïcité. » Une vision falsifiée qui renvoie les élèves à leur identité en donnant l’impression « que la laïcité est faite pour ceux qui ne sont pas « Français de souche » », souligne la Vigie de la Laïcité.
Cette campagne ne fait pas référence aux fondements de la laïcité. En effet, la liberté de conscience et sa manifestation dans les limites de l'ordre public, la neutralité de l'État et de ses agent·es, l'égalité de toutes et tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction, en sont absentes. Elle mélange la question de l’identité, par des assignations stéréotypées de couleur de peau et de prénom, à celle de la laïcité et renforce ainsi « l’idée que les menaces contre la liberté de conscience seraient liées aux différentes origine ».
La FSU rappelle ainsi via un communiqué son opposition à toute instrumentalisation de la laïcité et souligne ses priorités :
« reconnaître le travail poursuivi avec détermination par les enseignant-es et les agent-es pour donner à l’école sa finalité d’émancipation par les savoirs et la raison. Soutenir ce travail autant dans la réalité de ses difficultés quotidiennes que par une formation qui, dans le cadre des principes de 1905, accepte le pluralisme des analyses et favorise l’apaisement des débats. »(…)
CGT (extrait d’une publication du site internet du 30 août 2021)
La CGT accueille positivement le pas en arrière du ministère quant à « l’éviction » systématique des élèves non vacciné·es d’une classe en cas de cas positif mais seulement celles et ceux considéré·es comme cas contact. Quand on sait que ce sont dans les milieux les plus défavorisés que le taux de vaccination est le moins élevé, cette mesure était socialement discriminante, il était urgent de l’assouplir.
Toutefois, aucune réponse n'a été apporté sur la définition des cas contacts ni proposition alternative de dépistage systématisé afin d’éviter au maximum cette « éviction ».
Beaucoup d’autres questions restent tout de même en suspens.
Jean-Michel Blanquer fait beaucoup de discours d’intention notamment sur des campagnes de vaccination auprès des jeunes mais comment seront-elles organisées concrètement ?
Au-delà des mesures habituelles de nettoyage, aucune information n’a été donnée sur un budget pour installer des capteurs de CO2 et purificateurs d’air.
Concernant les capteurs, le ministre a laissé entendre dans les médias qu’il voulait les généraliser. Leur installation dépendrait des collectivités locales.
Pour éviter une inégalité territoriale en la matière, l’État doit les financer
Le ministre souhaite qu’il y ait le moins de brassage possible d’élèves mais cette question est corrélée à celle du nombre de personnels pour encadrer les élèves dans la période et notamment dans le 1er degré en cas d’absence de personnels enseignants.
La CGT avait revendiqué un plan d’urgence pour l’École avec des moyens humains et matériels suffisants pour aborder cette rentrée sereinement
Il n’en est rien et les élèves, comme les personnels, auront toutes les chances de se retrouver déboussolés par tant de flous et de manques. C’est pourquoi, au-delà de la situation sanitaire, qui a démontré l’absolue nécessité d’un plan massif d’investissement pour l’école, la CGT et l’intersyndicale, appelle les personnels à se mobiliser dès la rentrée et à se mettre en grève massivement le 23 septembre pour construire une mobilisation dans la durée.
Force Ouvrière (extrait d’une publication du site internet du jeudi 2 septembre 2021 propos recueillis par Chloé Bouvier)
Interview de Franck Antraccoli, secrétaire général de ID-FO (syndicat des personnels de Direction de l’Éducation nationale) et proviseur du lycée Guist’hau à Nantes (44) qui revient sur la mise en place du protocole pour la rentrée scolaire.
Le protocole prévoit notamment qu’au collège et au lycée, s’il y a un cas positif dans une classe, les élèves non vaccinés devront suivre les cours à distance pour une semaine au moins.
Qu’est-ce que cela implique pour les enseignants ?
Franck Antraccoli : Seuls les élèves non vaccinés qui sont cas contact d’un élève qui sera testé positif au Covid-19 seront concernés. Quant à l’enseignement à distance, nous avons demandé au ministère de communiquer clairement auprès des parents : les professeurs ne pourront pas se dédoubler en faisant cours en classe et à distance en même temps. Les cours en visio nécessitent du matériel et de l’équipement, mais surtout, ils ne sont pas adaptés à la pédagogique actuelle. Lors du cours, l’enseignant échange avec ses élèves, se déplace dans la classe … Faire un cours visio en direct à distance, c’est un mythe. La solution pour ces élèves, ce sera sans doute de mettre les cours en ligne via les environnements numériques de travail, avec les exercices à faire.
L’un des gros chantiers de ce début d’année pour l’Éducation nationale sera d’organiser la vaccination des plus jeunes.
Comment allez-vous procéder ?
Franck Antraccoli : À ID-FO, nous ne sommes pas opposés à organiser la vaccination dans les établissements scolaires mais à la condition sine qua non que cela soit fait par des personnes extérieures. Autrement dit, nous pouvons prêter nos locaux, pas mobiliser nos personnels. Pour la mise en place de cette mesure, cela dépend des territoires : dans les écoles de centre-ville ou de milieu urbain denses, les élèves pourront être conduits dans des centres pré-existants, où ils auront des créneaux réservés. Dans les écoles plus loin de cesinfrastructures, il sera possible d’implanter des centres éphémères dans les établissements pour vacciner les élèves.
Le protocole reste aussi flou sur la question des sorties scolaires.
Quelles sont les questions qui demeurent ?
Franck Antraccoli : Tout n’est pas encore éclairci sur ce sujet. On sait que le Passe sanitaire sera demandé aux jeunes dans des lieux qui ne seront pas réservés uniquement aux scolaires.
Mais cela pose des questions, par exemple pour les sorties dans le cadre des cours de sport. Sur la piscine par exemple, les élèves ont des lignes réservées mais nagent avec d’autres personnes dans le bassin. Nous avons demandé des précisions au ministère qui nous a fait savoir qu’une circulaire serait publiée sur ce sujet avant le 30 septembre. (…)
Le 5 octobre, mobilisé-es pour nos salaires, nos emplois et nos conditions de travail et d’études !
Les organisations syndicales CGT- FO – FSU – Solidaires – FIDL – MNL – UNEF – UNL réunies le 30 août appellent à la mobilisation de l’ensemble des travailleur-ses du secteur privé et public, et la jeunesse, le mardi 5 octobre 2021.
Elles rappellent qu’elles ont mis en garde le gouvernement, au début de l’été, face à ses projets de régression sociale. Elles ont, à cette occasion, formulé des solutions économiques et sociales pour sortir de la crise sanitaire. Elles s’opposent à ce que la situation sanitaire soit utilisée par le gouvernement et le patronat pour accélérer la remise en cause des droits et des acquis des salarié-es et des jeunes. L’élargissement et l’accélération indispensables de la vaccination demandent de renforcer l’accès à la santé, les moyens de l’hôpital public et de la médecine du travail. Cela nécessite de convaincre et de rassurer, et non de sanctionner les salarié-es. En cette rentrée, l’emploi est une des préoccupations essentielles des jeunes et du monde du travail. La précarité est en forte hausse, et malgré une opposition unanime, la mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage reste d’actualité. Le retour de la réforme des retraites, que nous avons combattue, et empêchée, revient à l’ordre du jour. Gouvernement et patronat veulent imposer de nouveaux reculs sur les retraites. Le chômage partiel a provoqué la plupart du temps des baisses de rémunération importantes. (…)
C’est pourquoi elles exigent :
• L’augmentation des salaires,
• l’abandon définitif des contre-réformes des retraites et de l’assurance chômage,
• un vrai travail avec un vrai salaire pour toutes et tous et l’égalité professionnelle femmes/hommes,
• la conditionnalité des aides publiques selon des normes sociales et environnementales permettant de préserver et de créer des emplois
• l’arrêt des licenciements et la fin des dérogations au Code du travail et garanties collectives,
• un coup d’arrêt à la précarisation de l’emploi et à la précarité des jeunes en formation et une réforme ambitieuse des bourses,
• la fin des fermetures de services, des suppressions d’emplois, du démantèlement et des privatisations dans les services publics et la fonction publique et le renforcement de leurs moyens ;
• Le rétablissement de tous les droits et libertés pour la jeunesse comme pour le monde du travail.
Montreuil, le 30 août 2021