Réponse de la LP87 aux insultes injustifiées de la FNLP
- 5 octobre 2021
Dans les quatre articles du 20 septembre dernier, vous avez pu prendre connaissance de l’odieux communiqué de presse de la Fédération Nationale de la Libre Pensée et d’Entraide et Solidarité.
La contribution ci-dessous de Loïc Le Diuzet, président de la fédération de Haute-Vienne de la Libre Pensée, donne des éléments de réflexion pour mieux comprendre les enjeux d’une telle situation
LIBRES PENSEURS RESOLUMENT !
Lorsqu’il y a quelques 2300 ans la doctrine des Epicuriens voit le jour, l’humanité se trouve placée devant la possibilité d’envisager le monde à partir de la raison et non plus seulement au travers de représentations livrées par la mythologie. Les êtres humains chercheront dès lors à expliquer l’univers à la lueur des découvertes qu’ils vont faire, plaçant le doute en règle et l’expérience en méthode.
Les échanges humains peuvent dès lors s’appuyer sur des confrontations d’idées basées sur l’argumentation et les faits.
Ne plus dépendre d’explications mystiques permet alors d’envisager l’émancipation.
C’est elle qui synthétise le mieux l’ensemble des champs d’action des libres penseurs.
L’émancipation ne souffre pas de soumission. Sa recherche est de tous les combats des libres penseurs contre les dogmes, qu’ils soient religieux, économiques ou autres, pour la laïcité, pour la liberté de conscience, pour le principe de la République, pour la sociale et contre le capitalisme, pour l’instruction publique, pour la paix et contre le militarisme.
En cela, elle exige des libres penseurs l’effort constant d’essayer de comprendre par la preuve et d’expliquer par l’argumentation.
Nous vivons des temps où nombre de repères semblent s’estomper. Ainsi en va-t-il de la dérive, grave selon moi, de dirigeants de la Fédération Nationale de la Libre Pensée (FNLP) qui n’hésitent pas à diffuser des propos racistes en guise d’argumentation. Notre Fédération de Haute-Vienne de la Libre Pensée s’était désaffiliée de cette organisation en 2017. Non de gaité de cœur, mais parce que la dérive qui éclate aujourd’hui au grand jour était en gestation sans qu’il nous semble possible de pouvoir l’enrayer de l’intérieur.
Ainsi peut-on lire, à propos du squat, à Limoges, par des migrants sans toit, dans une maison appartenant à l’association Entraide et Solidarité, les phrases suivantes extraites d’un communiqué de presse daté du 8 septembre 2021, assumé par la Fédération Nationale de la Libre Pensée et signé « le conseil d’administration d’Entraide et Solidarité des Libres Penseurs de France » :
« Nous connaissons bien ce genre de méthodes, elles ont été éprouvées par l’Histoire. On occupe la rive gauche du Rhin, on annexe les Sudètes, on envahit la Tchécoslovaquie, puis la Pologne et après ces coups de force, on déclare comme Hitler : discutons et négocions. Ces méthodes sont celles du fascisme. Nous les condamnons. »
« Ces méthodes ont été aussi pratiquées en Nouvelle-Calédonie par l’impérialisme français qui a colonisé cette terre en chassant les Kanaks, pillant les richesses, exploitant les peuples et qui, une fois sur place, avec sa force de répression, veut bien discuter avec les néo-calédoniens de leur « avenir », alors qu’ils ont déjà tout volé sur place. Ce sont les mœurs du colonialisme et de l’impérialisme.
Envahir et occuper les locaux des associations laïques, démocratiques, syndicales et du mouvement ouvrier, c’était le sport favori des SA à Berlin dans les années 1930. »
Après un tel déversement de haine et d’insultes, quelle place reste-t-il à l’argumentation en raison, au doute comme principe, à l’expérimentation comme méthode ?
Comparer, des migrants à la rue et ceux qui les soutiennent, à des nazis, sous prétexte qu’une maison, inutilisée et destinée à la solidarité, a été squattée, c’est non seulement odieux, raciste et inacceptable, mais interroge, quand les auteurs de telles abjections se prétendent « libres penseurs ».
Il y a donc un travail en profondeur à entreprendre pour gagner plus avant les consciences à l’idée que l’émancipation suppose le libre examen, le débat contradictoire, la confrontation à l’appui de l’argumentation basée sur des faits.
Les rédacteurs de ces lignes à scandale croient ainsi nous impressionner et nous faire renoncer à nos engagements par la peur. Que les migrants et les associations qui les aident soient rassurées. C’est, renforcés dans nos efforts à les soutenir et à participer aux actions à venir, que cela nous place.
Qui demain peut bien jurer qu’il ne sera pas dans une situation où il devra quitter son pays, sa famille, pour aller ailleurs chercher protection et espérer une vie meilleure ? Qui décide que la terre n’est pas le bien commun de tous, infligeant aux peuples des frontières qui n’ont d’intérêt que pour les va-t’en guerre les capitalistes ? Qui croit que l’humanité n’est pas le résultat des déplacements et des mélanges dont nos gènes portent pourtant la trace ?
Alors, décidément, oui ! les libres penseurs de Haute-Vienne se sentent plus proches de ceux qui fuient la guerre et la misère que de ceux qui s’enrichissent des conflits et de l’exploitation.
Alors, décidément, oui ! ils continueront à apporter leur solidarité à ceux qui souffrent d’avoir dû émigrer.
Alors, décidément, oui ! ils sont convaincus d’être plus à même de faire grandir ainsi les valeurs qui fondent l’idée de l’émancipation.
A ce triste épisode, nous mesurons à quel point les idées nauséabondes qui circulent si bien dans nos médias à la faveur d’échéances électorales à venir peuvent imprégner y compris des gens se réclamant d’idées, de valeurs et principes de fraternité, de liberté, d’égalité, de justice. C’est très dommage, mais cela existe, la preuve.
Restons vigilants. Intervenons avec ce qui fonde notre raison d’être ensemble libres penseurs : libres en conscience, libres en raison, libres en action.
Et en tout état de cause il me semble qu’on ne peut pas se laisser à ce point insulter sans réagir. Nous allons donc discuter de cela pour déterminer ce qu’il convient le mieux de faire. Il est vraisemblable que nous ayons besoin de toutes les solidarités disponibles.
Loïc LE DIUZET
Président de la Fédération de Haute-Vienne de la Libre Pensée