Inégalités dans le monde (Rapport OXFAM) - Situation du logement en France (Rapport fondation Abbé Pierre)
- 5 février 2022
Les médias n’en ont pas parlé…
Deux rapports viennent d’être publiés ces derniers jours, quasiment boycottés par les grands médias, ignorés de la plupart des politiques et des candidats à l’élection présidentielle : celui de l’ONG mondiale OXFAM (Organisation non gouvernementale) et celui de la fondation Abbé Pierre.
Le premier traite des inégalités dans le monde et le second de la situation du logement en France.
Oxfam indique en présentation de son rapport que « la fortune des milliardaires dans le monde a plus augmenté en 19 mois de pandémie qu’au cours de la dernière décennie (…) tandis que, dans le même temps, la crise a provoqué une intensification de la pauvreté chez celles et ceux qui étaient déjà en difficulté avant la pandémie » !
La Fondation Abbé Pierre publie son 27e rapport annuel sur « L’État du mal-logement en France » qui dresse une situation alarmante marqué par la précarisation de couches entières de la population, avec des conséquences dramatiques sur le mal-logement.
Vous trouverez ci-dessous de courts extraits et quelques chiffres-clés de ces deux rapports, publiés par ailleurs intégralement sur internet.
Faudrait-il en ignorant ces rapports et leurs chiffres implacables, tenter de cacher ce que pourtant tout le monde sait : les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?
Rapport d’Oxfam sur les inégalités : les chiffres-clés (extraits)
« (…) La fortune des milliardaires dans le monde a plus augmenté en 19 mois de pandémie qu’au cours de la dernière décennie.
Depuis la pandémie, le monde compte un nouveau milliardaire toutes les 26 heures, alors que 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté.
Avec les 236 milliards supplémentaires engrangés en 19 mois par les milliardaires français, on pourrait quadrupler le budget de l’hôpital public ou distribuer un chèque de 3500 euros à chaque Français-e.
Les 5 premières fortunes de France ont doublé leur richesse depuis le début de la pandémie. Elles possèdent à elles seules autant que les 40% les plus pauvres en France.
Pendant la pandémie, l’enrichissement historique des milliardaires
Selon le nouveau rapport d’Oxfam, depuis le début de la pandémie, le monde compte un nouveau milliardaire toutes les 26 heures. Et, tandis que la fortune des 10 milliardaires les plus riches du monde a doublé durant la pandémie, 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté. Cette explosion des inégalités sévit partout dans le monde.
Les femmes, les personnes racisées, et les habitant.e.s des pays en développement sont les plus impacté.e.s par la violence des inégalités.
252 hommes se partagent aujourd’hui plus de richesses que le milliard de filles et de femmes vivant en Afrique, en Amérique latine et aux Caraïbes réunies.
En France aussi, des milliardaires toujours plus riches
En France, la fortune des milliardaires a augmenté plus rapidement en 19 mois de pandémie qu’en une décennie entière.
De mars 2020 à octobre 2021, la fortune des milliardaires a augmenté de 236 milliards d’euros (soit une hausse de 86%), une somme qui représenterait assez d’argent pour quadrupler le budget de l’hôpital public ou distribuer un chèque de 3500 euros à chaque Français.e.
A elles seules, les 5 premières fortunes de France – celles de Bernard Arnault (LVMH), Françoise-Meyers Bettencourt (L’Oréal), François Pinault (Kering), des frères Alain et Gérard Wertheimer (Chanel) – ont doublé, augmentant de 173 milliards d’euros en 19 mois. Soit presque autant que ce que l’Etat a dépensé pour faire face au coronavirus en un an, toutes dépenses confondues.
Ces 5 milliardaires français possèdent désormais autant que les 40% des Français les plus précaires.
Dans le même temps, la crise a provoqué une intensification de la pauvreté. 7 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire pour vivre, soit 10% de la population française, et 4 millions de personnes supplémentaires sont en situation de vulnérabilité à cause de la crise.
Une économie au service des plus riches
Si la fortune des milliardaires a autant augmenté durant la pandémie, c’est principalement en raison de l’argent public versé sans condition par les gouvernements et les banques centrales dont ils ont pu profiter grâce à une montée en flèche des cours des actions. Avec une politique du « quoi qu’il en coûte » sans condition, les gouvernements et banques centrales ont permis la hausse la plus importante de la fortune des milliardaires jamais enregistrée.
Au-delà de la réponse à la crise actuelle, la dérégulation du marché du travail, les politiques fiscales décidées au cours des 40 dernières années ont construit une économie au service des 1%. (…) »
Fondation Abbé Pierre rapport 2022 (extraits)
« (…) Jeunes entravés dans leur accès à l’autonomie, quartiers populaires enlisés, ménages touchés par la hausse des loyers et des prix de l’énergie, services d’accompagnement social engorgés… : la crise du logement continue de fracturer en profondeur notre société. Ce rapport est aussi l’occasion de dresser un bilan critique du quinquennat écoulé au regard des politiques de lutte contre le mal-logement et la pauvreté.
Les chiffres-clés de l’évolution de la crise du logement
-Le nombre de sans domicile a doublé depuis 2012 et s’élève aujourd’hui à 300 000 personnes au moins.
-Début décembre 2021, près de 4 000 personnes ont appelé chaque soir en vain le 115 faute de places d’hébergement d’urgence disponibles.
-À la mi-novembre, en Seine-Saint-Denis, 60 enfants de moins de 3 ans et à la rue n’ont pas pu être mis à l’abri.
-Le nombre de nuitées hôtelières a quintuplé en 11 ans (14 000 en 2010 à 74 000 en 2021).
-Un demandeur d’asile sur deux n’est pas hébergé dans le dispositif national d’accueil, structurellement sous-dimensionné.
-Le nombre d’expulsions des lieux de vie informels (bidonvilles, squats…) enregistre un record : entre le 1er novembre 2020 et le 31 octobre 2021, 1 330 expulsions ont été recensées en France métropolitaine (472 personnes expulsées chaque jour), dont 64 % pendant la trêve hivernale ; 91 % de ces expulsions sont sans solution apportée aux personnes concernées. En mai 2021, 22 189 personnes vivent dans 439 lieux de vie informels, soit une augmentation de 2 810 personnes par rapport à décembre 2018, dont 5 965 mineurs.
-En sept ans, la demande de logement social a progressé cinq fois plus vite que le nombre de ménages et deux fois plus vite que le nombre de logements sociaux, pour atteindre 2,2 millions de ménages.
-La production de logements sociaux est en baisse constante depuis le début du quinquennat, à un niveau qui n’a jamais été aussi bas depuis 15 ans (87 000 agréments en 2020, environ 95 000 en 2021).
-Les prix des logements ont crû de 154 % depuis 20 ans.
-Les aides publiques au secteur du logement, exprimées en pourcentage de PIB, diminuent depuis 10 ans et n’ont jamais été aussi basses (1,6 % du PIB en 2020) alors que les recettes fiscales que rapporte le logement à l’État ont plus que doublé en 20 ans (79 milliards d’euros).
-Selon l’Institut des politiques publiques (IPP), les mesures prises au cours du quinquennat ont abouti à diminuer le niveau de vie des 5 % des plus pauvres (…). »