L'ACRIMED et sa revue MEDIACRITIQUES
- 20 mai 2022
Nous avons souhaité vous informer de la parution d’une revue trimestrielle d’opinion invitant à la réflexion et au débat sur un sujet important, celui de l’action et du rôle des médias en France dans la campagne des élections présidentielles de 2022. Dans cette campagne que nous venons de vivre, ont dominé une dépolitisation affligeante, les shows, les « buzz », la guerre omniprésente avec les commentaires des commentaires de supposés experts, pour mieux passer sous silence les nombreux mouvements de résistance sociale qui s’opposent aux dures réalités que vivent les petites gens, en particulier dans notre pays.
Si vous ne connaissez pas l’association ACRIMED qui publie en ce mois de mai ce n°42 « Médias en campagne », précipitez-vous sur le site de cette association de journalistes indépendants :
www.acrimed.org
Vous y découvrirez entre autres et accès libre, tous les anciens numéros de cet « Observatoire des médias » né du mouvement social de 1995, une association qui poursuit des objectifs tout à fait louables et salutaires dans la situation actuelle.
Extraits de la présentation faite par l’association ACRIMED de ce numéro :
« Spectacularisée », la campagne présidentielle s’est déclinée dans les médias audiovisuels à travers plusieurs dizaines de créneaux politiques par semaine, dont le « bruit » fut amplifié dans et par la presse écrite. « Éditorialisée », elle fut commentée à outrance par le huis-clos des journalistes politiques, dans des dispositifs fac-similés de « C dans l’air », de BFM-TV à France Inter en passant par France 2, qui réussit l’exploit de masser dix-sept éditorialistes autour d’un seul et même plateau. « Feuilletonnée », elle fut traitée par le petit bout de la lorgnette : polémiques, transferts, communication, petites phrases, sondomanie, coulisses, indiscrétions et chuchotements. Journalisme hippique, journalisme de slogan, journalisme de commentaire : la campagne de l’élection présidentielle de 2022 fut, en un mot, dépolitisée.
Hormis quelques formats ayant permis de traiter des questions de fond, les médias dominants ont mis en musique une campagne à leur image, pour les besoins de leur fonctionnement autophage. Jusqu’au néant au carré : en l’occurrence sur BFM-TV, où les têtes d’affiche commentent ce qu’elles ont commenté les jours passés ! Englué dans ses routines, le journalisme politique prétend d’une chaîne à l’autre « se renouveler », « se distinguer » … en faisant toujours à l’identique, le mimétisme présidant tant à la fabrique de l’agenda qu’à la hiérarchisation de l’information, et, enfin, au mode de traitement de « l’actualité ».
Pas étonnant, dès lors, de constater partout les mêmes biais. Par exemple : la campagne médiatique en faveur de Yannick Jadot lors de la primaire écologiste, « choix de la raison » contre Sandrine Rousseau, clouée au pilori pour « wokisme » et « discours victimaire » ; la polarisation de l’agenda autour de l’extrême droite, la fabrique puis la surexposition d’Éric Zemmour, pour laquelle l’Arcom épinglait dix médias le 31 mars, dont France Inter et France 5 ; la surmédiatisation de la « primaire populaire » ; la marginalisation systématique des « petits candidats » et enfin, le journalisme de révérence dont a bénéficié Emmanuel Macron, d’opérations de communication en récits propagandistes portant au pinacle le « chef de guerre » et « protecteur de la Nation ».
De quoi souligner combien les médias pèsent – volontairement ou non – sur le champ politique d’une part, et altèrent la perception par le public des enjeux et des acteurs d’une campagne présidentielle d’autre part. (…)
Dans ce marasme, et alors que les conditions de travail des journalistes se dégradent toujours davantage, les chefferies éditoriales oscillent entre autocélébration et déni. Pire : une fois tournée la page des appels rituels au barrage d’une extrême droite qu’elles ont contribué à normaliser, elles se remettent en selle pour une cabale massive contre la gauche. « Fascisme à visage humain », « danger pour la France », « sixième pilier de l’islam (…)
Ce numéro ne sera pas plus diffusé en kiosques que les précédents. Vous pourrez cependant le trouver dans quelques rares – mais d’autant plus précieuses – librairies listées ici, ainsi que sur notre boutique en ligne.
Et surtout, abonnez-vous ! Pour cela, rendez-vous sur notre boutique en ligne. Vous pouvez également nous soutenir en adhérant à l’association ou en faisant un don.
(Presque) tous les anciens Médiacritiques sont en accès libre ici.