À bas la guerre, vive la sociale !
- 5 octobre 2022
« Monsieur le Président,
Je ne veux pas la faire,
Je ne suis pas sur terre pour tuer des pauvres gens. »
« Le Déserteur », chanson de Boris Vian, 1954.
Le 21 septembre dernier devait être dans le monde « la journée internationale de la Paix ». Et ce fut le jour choisi par Poutine pour annoncer la mobilisation en Russie de 300 000 réservistes pour les envoyer faire la guerre en Ukraine. Cette guerre déclenchée il y a 7 mois est entrée désormais dans chaque foyer russe. Immédiatement, des dizaines de kilomètres de files de voitures se sont formées devant les postes-frontières entre la Russie et la Géorgie, le Kazakhstan et la Mongolie. Dans les voitures, des dizaines de jeunes hommes fuyant la conscription mais aussi des femmes.
Au même moment des manifestations s’organisaient dans des dizaines de grandes villes russes contre la conscription et la guerre, manifestations brutalement réprimées par la police qui, dans la seule soirée de ce 21 septembre, a arrêté 1 321 personnes dans 38 villes, les soumettant à des brutalités et à des tortures. Les protestations se sont néanmoins poursuivies le lendemain et les jours suivants, avec de nombreux rassemblements spontanés, des piquets de grève, des blocages d’autoroutes, des incendies de commissariat et de bureaux d’enrôlement militaires et de bâtiments administratifs.
Avec les annonces de ce 21 septembre, un cran supplémentaire a été franchi dans l’escalade guerrière, Poutine brandissant une nouvelle fois la menace de l’utilisation de l’arme nucléaire en affirmant : « Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition ».
Plus particulièrement depuis le 30 septembre dernier, après l’annexion par Poutine suite aux « référendums » des 4 régions d’Ukraine occupées par la Russie, des dizaines de milliers de citoyens sont pris entre deux feux, sous les bombes et les tirs des 2 armées, russe et ukrainienne. Pendant ce temps, en « occident », très rares sont les voix et les manifestations qui s’élèvent contre la guerre, pour exiger l’arrêt des combats, une solution négociée et un cessez-le-feu immédiat. Quel dirigeant de syndicat, d’un parti de gauche aurait le courage d’un Jaurès qui jusqu’à son dernier souffle mobilisa les forces de paix avant d’être assassiné le 30 juillet 1914 permettant le déclenchement de la barbarie qui allait entraîner 18 millions de morts ? Bien au contraire, comme en 1914, l’union sacrée se fait aujourd’hui pour justifier et approuver l’envoi d’armes, toujours et encore plus. L’histoire nous repasserait-elle les mêmes plats ?
Biden ne craint pas de déclarer à l’ONU : « Vous ne pouvez pas saisir le territoire d’un autre pays par la force.
Le seul pays à le faire est la Russie ». Sans blague ! Et l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011 ? Et l’invasion américaine de l’IRAK en 2003 ? Et l’occupation de la Palestine ? Et…la liste des interventions américaines et de celles l’OTAN, serait bien longue à dresser, cette page entière n’y suffirait pas ! Sans oublier celles de l’armée Française en Afrique… Les États-Unis et 40 autres pays dont la France ont fourni 84 milliards de dollars d’aides « militaire et financière » à l’Ukraine. Et depuis 8 mois, ces dépenses militaires en considérable expansion, peu contestées par qui que ce soit, font les choux gras de l’industrie d’armement, les 50 premières grandes entreprises de ce secteur étant nord-américaines. Dans le même temps, ces dépenses militaires s’accompagnent dans chaque pays d’une « guerre à l’intérieur » contre les couches populaires. Celles-ci ont de plus en plus de mal à vivre, devant faire face à des hausses très importantes du coût de la vie, à des attaques contre les services publics, contre les libertés…la guerre justifiant tout !
Profondément humanistes et pacifistes, les libres penseurs ne justifieront rien, n’excuseront pas la lâcheté et ne mêleront pas leurs voix à tous les va-t’en guerre, quels qu’ils soient.
« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, 1903.
À bas la guerre, vive la sociale !
Jean-Paul Gady