Le Qatar et la coupe du monde
- 5 décembre 2022
Nous n’avons pas pu résister, mais promis-juré, nous n’en parlerons plus, cet article sera le seul et unique sur ce sujet. Dans le cadre de la liberté de conscience et du libre débat, nous publions un premier article de notre ami Alain Paton chroniqueur habituel de La Pensée Libre et des extraits d’un autre article, celui de Jean-Marie Bourget, journaliste au média alternatif « Le grand soir ». Plus que des « coups de gueule », des vérités à connaître et à ne pas oublier…que l’on aime ou pas le ballon rond.
Jean-Paul Gady
Qatar 2022 : le mondial de la honte !
De nombreux scandales entachent la Coupe du monde de football au Qatar.
Stades à usage unique, avions toutes les dix minutes, mort au travail de milliers d’ouvriers pour la construction des infrastructures, atteintes aux droits humains, etc. le tout sur fond de corruption.
Sur les huit stades de la Coupe du monde, sept sont équipées de systèmes de climatisation. Le stade Al Janoub d’Al-Wakrah est muni de près de 180 bouches d’aération destinées à rafraîchir le terrain et les 40 000 sièges. Un seul des huit stades a été construit avant l’attribution du Mondial au Qatar. Flambants neufs, les autres, des constructions monumentales et coûteuses, ne seront pas réutilisés après la compétition.
Tous les stades sont situés à proximité de Doha, dans un rayon de 60 kilomètres. Sauf que les 1,2 million de spectateurs ne peuvent pas loger à proximité, faute d’hébergements suffisants au Qatar. Résultat : nombre d’entre eux résident dans les États voisins, et pour voir les matchs, c’est tous les jours en avion que voyagent les spectateurs.
Pour se rendre à Doha, un avion décolle toutes les dix minutes. 168 vols quotidiens pour assister à un match et rentrer le jour même. Air France a relancé des vols entre Paris et Doha pour la première fois depuis vingt-sept ans, avec 3 à 6 vols par semaine.
La coupe du monde se joue sur un cimetière ! Plus de 6 500 ouvriers sont morts au Qatar depuis 2010. Ce chiffre a été révélé par The Guardian et de nombreuses ONG. Le nombre réel de morts serait même supérieur, puisque les données de pays, comme les Philippines ou le Kenya, qui comptent de nombreux ressortissants travaillant au Qatar, n’ont pas été recueillies.
Les chantiers ne se limitent pas aux enceintes sportives. Depuis 2010, le Qatar a bâti une ville, des aéroports, des routes, son premier réseau de métro ou encore des hôtels, projets inhérents à l’organisation du mondial. La plupart des ouvriers seraient morts à cause de la chaleur étouffante et des cadences infernales. Des centaines de travailleurs étrangers ont été expulsés quelques semaines avant le Mondial, avant l’arrivée des supporters.
Les organisateurs l’assurent : la Coupe du monde sera la première à atteindre la « neutralité carbone », en réalité, cette coupe du monde atteint des niveaux d’émissions de gaz à effet de serre jamais vus. Dans un rapport publié en juin 2021, la FIFA les évalue à 3,6 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Or, ces émissions sont sous-estimées. Les calculs présentés par la FIFA ne tiennent pas compte des navettes aériennes et minimisent la construction, l’entretien et l’exploitation des stades. Le coût climatique du Mondial pourrait être cinq fois supérieur. Pour faire passer ses projets aux retombées douteuses, le Qatar a créé son propre standard de crédit carbone.
Au Qatar, les relations sexuelles hors mariage sont interdites, toute infraction à cette loi est passible de sept ans d’emprisonnement. L’homosexualité constitue un délit. En cas de condamnation la peine de mort peut même être appliquée pour les musulmans.
Autre sujet d’inquiétude : la question des droits des femmes. Au Qatar, ces dernières sont toujours la cible de discriminations, dans la législation comme dans la pratique. Les femmes ont toujours besoin de l’autorisation de leur tuteur (père, frère, grand-père, mari…) pour prendre des décisions de vie essentielles, comme se marier, étudier à l’étranger, occuper des emplois dans la fonction publique, voyager à l’étranger, etc.
En matière de vêtements, elles ont comme les hommes, l’obligation de « s’habiller modestement » les habits occidentaux sont tolérés pourvu que les épaules et les genoux soient couverts : pas de jupes au-dessus du genou, ni de shorts, pas d’épaules nues, ni de décolletés, et les vêtements moulants ou suggestifs sont considérés comme inappropriés.
Au sujet de la consommation d’alcool, alors que boire ou être en état d’ébriété en public sont des infractions punies par la loi et que les permis d’acheter de l’alcool sont essentiellement réservés aux résidents, les touristes se rabattent sur les fans-zones, ou principalement dans de grands hôtels. Tout en ayant en tête que la loi sanctionne le fait d'être saoul sur la place publique.
Les autorités qataries limitent la couverture médiatique durant l’évènement. Les caméras sont braquées sur les terrains de football et pas ailleurs. Les journalistes n’ont pas le droit de filmer dans les bâtiments gouvernementaux, les universités, les lieux de culte ou encore les hôpitaux. Il est également interdit de tourner dans les logements résidentiels et les entreprises privées. Ces règles s’appliquent aux photographes, et compliquent le travail de la presse écrite.
La coupe du monde a-t-elle été achetée par le Qatar ? Les accusations pleuvent depuis son attribution le 2 décembre 2010. Les preuves, elles, s’accumulent. En mars 2020, le procureur fédéral de Brooklyn a par exemple écrit que plusieurs membres votants du comité exécutif de la FIFA avaient reçu des pots-de-vin.
Comme l’ont révélé Mediapart, puis l’émission « Complément d’enquête » avec la cellule d’investigation de Radio France, le pouvoir français est complice de ce scandale et a fait basculer le vote d’attribution du Mondial. Un « pacte corruptif » aurait été conclu le 23 novembre 2010, lors d’un déjeuner à l’Élysée organisé par Nicolas Sarkozy. Alors président de la République, il avait invité Michel Platini, président de l’Union des associations européennes de football (UEFA), l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani et son Premier ministre.
Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir convaincu Michel Platini de voter pour le Qatar, en échange de plusieurs contreparties accordées par l’émirat. Quelques mois après, le Paris Saint-Germain (PSG) a été racheté par Qatar. Le fils de Michel Platini, Laurent, a été embauché par le club de football. En 2017, Nicolas Sarkozy est devenu membre du conseil d’administration de l’hôtelier Accor, dirigé par M. Bazin, dont l’un des principaux actionnaires est le Qatar. En 2019, Accor est devenu un sponsor du PSG. Un rapport de la police anticorruption montre aussi que Nicolas Sarkozy aurait fait financer par le Qatar des prestations de communication réalisées pour sa campagne électorale de 2007, puis pour l’Élysée.
La complicité entre le Qatar et la France ne s’arrête pas là. Selon Le Canard enchaîné, le ministère de l’Intérieur s’est engagé à envoyer plus de 200 membres des forces de police pour aider le Qatar dans son organisation, dans un accord intergouvernemental signé le 15 mars 2021. De plus, 191 militaires sont mobilisés, dont 170 sont spécialisés dans la lutte anti-drones, et une dizaine de policiers spécialistes des mouvements hooligans. Le ministère a indiqué avoir répondu à une demande du Qatar, qui n’a pas les moyens humains et matériels d’assurer lui-même la sécurité de l’évènement.
Depuis hier où la France a accédé aux ¼ de finale et les chaînes de télévision se répandent en éloges dithyrambiques sur les bleus !!! Mais rassurons-nous, les fêtes de fin d’année approchant, nous aurons quand même des reportages sur « les Français pris en otages » …par les grèves de ces privilégiés de cheminots !
Alain Paton, un ami qui vous veut du bien et vous souhaite tout le bonheur du monde.
Sources : BFM/RM, Félix Gabory et Reporterre
Le Qatar est une dictature corruptrice et islamiste ! Tout le monde s’en foot.
« (…) Pourquoi une telle mystification, celle d’un Doha exemplaire, a tenu si longtemps le choc ? Le fait étant établi, pourquoi le Qatar a été promu comme le phare de la modernité et de la démocratie du monde Arabe ? La réponse est l’argent de la corruption, l’argent du commerce, celui des parts de marché. J’ai sous la main une Bible secrète qui explique comment, de connivence avec Doha, nos édiles et élites français ont fabriqué le masque qui venait cacher la vraie nature d’une terrible dictature. (…) Lisons donc ce bouquin-Bible : « Paris Doha ». Après la préface écrite en langue de chêne par un nègre méritant, mais signée de l’ambassadeur, deux autres textes introductifs ont pour auteurs des militants connus pour leur sens de l’amitié aussi gratuite qu’indéfectible : j’ai cité Jack Lang, et Renaud Donnedieu de Vabres (RDDV). Gauche droite ou droite gauche, c’est comme on veut. Ces deux-là sont comme une tasse dont l’anse n’a pas de sens. Lang tire la première salve, y va de son extase. Le Qatar ? « Un pays de raffinement, d’ouverture et de créativité » ... Observons qu’ici le raffinement n’est jamais loin du raffinage. Donnedieu de Vabres, marquant Jack à la culotte, nous plante un « La culture est un respect, une liberté et un devoir » ... Parler de liberté quand on parle du Qatar, il fallait le faire. C’est gonflé et c’est fait. (…)
Avec les mois les « hirondelles », surnom jadis donné aux amateurs de cocktails mondains, se refilent l’adresse de l’ambassade qui donne sur l’Arc de triomphe. Pas de champagne mais les petits fours sont caviardeux. (…) Quand vient le tour « d’un des plus grands architectes du monde », Roger Taillibert, nous rentrons dans la quatrième dimension, celle du copinage et du renvoi d’ascenseur. Ce qui est logique pour un homme qui sait les dessiner. Taillibert construit à Doha et, puisqu’il n’est pas ingrat, il fait la pub du Qatar à Paris. Comme ce personnage est, bien sûr, membre de l’Académie des Beaux-Arts, il fait un lobbying suffisant pour que la Cheikha Moza, femme préférée de l’émir et mère de Tamim, le prince aujourd’hui aux commandes, soit admise sous la coupole. Et, le 24 juin 2009, sous les yeux pétillants du président Sarkozy, la splendide première épouse (il en existe trois autres restées à la maison pour faire le ménage) fait un long discours. Ni la Cheikha ni le pauvre Sarko ne comprennent ni ne connaissent le sujet. Il s’agit d’un hommage rendu à Giörgy Ligeti, l’immense musicien qui a occupé le fauteuil de la reine, avant elle. Pour un habitué de la gratte à Carla, c’est la barbe. Mais la barbe n’est-elle pas le symbole du Qatar ? (…)
Ça y est, les politiques se bousculent et ont trouvé la route de l’ambassade comme le dromadaire celle du puits. Dans les filets nous trouvons encore un vieux poisson qui a longtemps prêché la vertu protestante et socialiste, Michel Rocard et aussi le sublime Hubert Védrine. Ah ! Hubert. Arrivé à l’Elysée par Mitterrand, qui était un ami de son papa à Vichy, voilà notre humaniste aujourd’hui chez LVMH dont le V est celui de Vuitton, un homme qui aimait lui aussi le Maréchal. (…) Pour l’occasion, Gérard Larcher, le vétérinaire de Rambouillet, mais aussi président du Sénat, fait sa visite. Passons vite aussi sur le cas de Maurice Leroy, un homme de conviction passé de l’extrême gauche à l’extrême centre. Frédéric Mitterrand, Bertrand Delanoë, se courbent devant l’ambassadeur. Pour convaincre Delanoë que le massacre de l’hôtel Lambert, un chef d’œuvre architectural de l’île Saint Louis acheté par le Qatar, est vraiment indispensable, un voyage à Doha sera nécessaire. « Bébert » en reviendra convaincu : le permis de construire devient un permis de détruire. Doha c’est comme Lourdes, ça fait des miracles. (…) »
Jean-Marie Bourget, Le grand soir